La serpe (Julliard), un roman passionnant sur un triple massacre familial

Pour les amateurs de romans policiers se basant sur des faits réels et non élucidés au cours de ces dernières années, le prix Femina vient d’en dévoiler deux ! Ces romans sont à la fois passionnants et mystérieux, et leurs auteurs ont réussi à les narrer pour accrocher un large public. Le prix Femina a été décerné à Philippe Jaenada pour son roman « La serpe » (Julliard). Le prix Femina Essais revient à  Jean-Luc Coatalem pour son « Mes pas vont ailleurs » (Stock). Déjà lauréat du Prix de la langue française, ce roman relate la mort de Victor Segalen, à l’âge de 41 ans, dans des circonstances mystérieuses en 1919. Ce romancier et poète, aussi explorateur et médecin militaire de carrière, est l’auteur de « Stèles » et des « Immémoriaux » de son vivant. Un prix spécial a été remis pour la première fois et la récompense revenait à Françoise Héritier pour l’ensemble de son œuvre. Cette romancière ligérienne vient de publier « Au gré des jours » (Odile Jacob). Ces romans promettent des lectures passionnantes auxquelles l’histoire est narrée dans un récit journalistique que poétique.

Philippe Jaenada réhabilite un mystérieux personnage accusé d’un triple massacre familial

La Serpe réhabilite un personnage qui fut accusé d’un triple massacre familial.  Mystérieusement, le fils de famille dévoyé était désigné comme l’assassin, un certain Henri Girard. Mais après un long procès, il a été acquitté contre toute attente en 1943. Mais l’étiquette d’assassin de son père, de sa tante et de la bonne lui collait à la peau même acquittée. A peine blanchi de ces trois crimes atroces à coups de serpe dans un château de Dordogne en octobre 1941, Henri Girard a dilapidé l’héritage familial et quitte la France pour l’Amérique du Sud. Il revient quelques années plus tard en France avec comme seul bien un manuscrit intitulé « Le salaire de la peur » qu’il publia sous le nom de Georges Arnaud. Le livre a connu une grande popularité et a même été adapté au cinéma à deux reprises. En 1953, Henri-Georges Clouzot réalise une première adaptation cinématographique du livre avec Yves Montand et Charles Vanel. En 1977, une nouvelle réadaptation par William Friedkin, « Sorcerer, le convoi de la peur » avec Roy Scheider et Bruno Cremer fait la une du cinéma.

L’enquête d’un auteur-justicier transformé en récit

Il faut dire que Philippe Jaenada est un auteur-justicier déjà habitué à des récits intriguant comme en témoigne son précédent roman « La petite femelle » qui réhabilitait Pauline Dubuisson, un personnage ayant été condamné en 1953 pour le meurtre de son amant sans avoir bénéficié de circonstances atténuantes. Selon l’auteur, son ami qui n’est autre que le petit-fils d’Henri Girard le tannait depuis dix ans pour la vie de son grand-père soit racontée. L’auteur-justicier passait ensuite du temps dans les archives et sur les lieux du crime pour prouver l’innocence de Henri Girard dans son futur roman « La Serpe ». Le roman fait 650 pages, mais se veut très accrochant. L’écrivain a mené sa propre enquête en ne laissant rien lui échapper. Il ouvre même la voie sur le probable coupable sans être pour autant expressif pour éviter des accusations hâtives.

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